Il était une fois un petit garçon nommé Adrien, qui détestait les dimanches gris.

Les dimanches où il pleuvait.

Les dimanches où les adultes disaient « Range un peu ton bazar ! »

Les dimanches où le salon semblait endormi.

 Mais Adrien, lui, avait un pouvoir magique.

Quand personne ne regardait, il empilait les coussins du canapé, volait les plaids, les chaises de la salle à manger et les couvertures, et construisait sa cabane.

Pas n’importe quelle cabane.

 

🛡️ Parfois, c’était le château-fort d’un roi très sérieux qui négociait avec des dragons en chaussettes.

🌳 Parfois, c’était la cachette d’un voleur de bonbons dans la Forêt des pommes d’amour, accompagné de son écureuil espion.

🛰️ Et parfois encore, c’était une fusée intergalactique fabriquée en coussin de velours et propulsée par des bombes de crème chantilly.

Chaque fois qu’il fermait les yeux à l’intérieur de sa cabane, le monde changeait.

La lumière du salon devenait celle des sous-bois enchantés.

Le parquet grinçait comme les planches d’un navire de pirates.

Le tic-tac de l’horloge… c’était un compte à rebours avant l’envol.

Un jour, alors que la pluie tambourinait plus fort que d’habitude, Adrien installa sa plus belle cabane : double toit, tunnel d’accès, et guirlande de chaussettes de combat.

Il s’assit à l’intérieur, ferma les yeux, et dit tout bas :

— Que le monde commence.

Et là… quelque chose changea.

Une lumière douce apparut.

Les tissus de la cabane s’étirèrent. Le plafond se souleva.

Un vent léger souffla dans ses cheveux.

Il ouvrit les yeux. Et il n’était plus dans le salon.

Il était dans un royaume coussiné.

Un monde flottant dans les airs, construit de coussins géants, de draps planants et de matelas-volants.

Des enfants y vivaient, seuls, libres, tous inventeurs de mondes.

Ils ne regardaient pas des écrans.

Ils rêvaient debout, couchés, ou en équilibre sur des coussins-montgolfières.

Un garçon à lunettes en forme d’étoiles lui tendit la main :

— Bienvenue, voyageur de l’imaginaire. On t’attendait. Ton royaume t’attend.

Quand ses parents entrèrent dans le salon ce jour-là, Adrien dormait dans sa cabane. Un sourire au coin des lèvres.

— Il joue encore à ses trucs, souffla son père en riant.

Mais sa mère s’arrêta.

Elle regarda les coussins.

Puis Adrien.

Puis les ombres dans la lumière du soir.

Et elle se souvint.

D’un autre dimanche, d’une autre cabane.

Et d’un royaume qu’elle même croyait avoir oublié.