Au Pôle Nord, là où le soleil joue à cache-cache avec la nuit éternelle, se trouvait l’atelier du Père Noël. Ce n’était pas un simple bâtiment, mais une immense cité d’émerveillement
, avec des tours scintillantes de sucre givré, des fenêtres illuminées de guirlandes enchantées
et des cheminées fumant un doux parfum de chocolat chaud
.
Dans cet univers féérique, chaque lutin avait un rôle crucial : certains assemblaient des jouets , d’autres peignaient les détails minuscules sur les poupées
, tandis que les plus agiles triaient les lettres des enfants du monde entier
. L’effervescence régnait toujours, surtout à l’approche de Noël.
Parmi eux se trouvait Mirette, un petit lutin différent des autres. Avec ses grandes oreilles en pointe et sa casquette brodée de flocons d’argent , elle ressemblait à ses camarades. Mais Mirette avait une particularité : elle voyait très peu, presque rien
. Son monde n’était qu’un doux flou où les lumières dansaient comme des étoiles brumeuses
.
Pourtant, ce handicap n’était pas dû à un accident de fabrication ou à un sort mal exécuté . Mirette était née ainsi, et elle en avait toujours fait sa force.
Mirette marchait souvent avec prudence dans les couloirs magiques de l’atelier, guidée par les sons des clochettes ou les odeurs qui flottaient dans l’air
. Elle savait distinguer le parfum sucré de la guimauve des biscuits au gingembre
. Mais malgré ses sens aiguisés, elle n’avait pas encore trouvé sa place parmi les autres lutins.
Un jour, après avoir trébuché sur un rouleau de ruban doré dans l’atelier d’emballage, Mirette soupira.
Elle voulait tellement aider, être utile comme les autres.
— « Mirette, tu pourrais peut-être essayer l’atelier de peinture ? » proposa Clochette, une lutinette espiègle.
— « Ou le tri des lettres ! Les enfants écrivent en gros, ça pourrait marcher, non ? » renchérit Roudoudou, un lutin au ventre rebondi.
Mirette leur sourit, reconnaissante. Elle n’était jamais découragée par les échecs. Ce n’était pas dans sa nature.
« Peut-être que je trouverai là-bas », répondit-elle avec espoir.
Le lendemain, Mirette rejoignit l’atelier de peinture. Le chef, Maître Pinceau, lui confia un pinceau magique
capable de changer les couleurs selon les émotions de son utilisateur. Mais dès qu’elle commença, une série de catastrophes amusantes s’enchaînèrent.
Une tache de peinture rouge (symbole de sa frustration ) jaillit sur une poupée en porcelaine. Puis, en voulant réparer, Mirette renversa une potion pailletée
qui colla toutes les petites voitures ensemble
. Les autres lutins, bien qu’un peu exaspérés, ne purent s’empêcher de rire.
— « Mirette, il faudra travailler sur ton dosage ! » dit Maître Pinceau en ramassant une poupée devenue violette par erreur.
Ensuite, elle essaya l’atelier de tri des lettres. Les lettres parfumées lui plaisaient beaucoup, et elle arrivait même à deviner certains mots grâce à leur odeur ou au grain du papier. Mais rapidement, un quiproquo survint : en confondant des lettres destinées à un enfant du Brésil
et une autre d’Islande
, elle provoqua un échange involontaire de souhaits.
Heureusement, les lutins correcteurs veillaient au grain.
— « C’était une bonne idée, Mirette ! » lui dit Clochette en riant. « Tu rends les choses… intéressantes. »
Malgré tout, Mirette n’abandonnait jamais. Ce qui la rendait unique, c’était sa capacité à percevoir le monde autrement.
Lorsqu’elle fermait les yeux, elle entendait des choses que les autres ne remarquaient pas
: le bourdonnement des machines, le chuchotement des flocons de neige
, et même le tintement de la clochette accrochée à la patte d’un renne
.
Un jour, alors qu’elle se promenait dans la forêt enchantée autour de l’atelier , elle fit une découverte étonnante : une branche de houx qui vibrait légèrement dans ses mains.
Elle comprit immédiatement que cette branche était magique. Sans hésiter, elle l’apporta à Maître Astérion, le chef des enchantements.
— « Mirette, comment as-tu trouvé cela ? » demanda-t-il, émerveillé.
— « Je l’ai sentie, c’est tout… Elle chantait sous mes doigts. »
Maître Astérion la regarda avec admiration. « Tu as un don rare, Mirette. Et je crois que ce don pourrait bien nous être précieux. »
Mirette commençait à réaliser qu’elle avait peut-être quelque chose d’unique à offrir. Les autres lutins, malgré leurs taquineries, l’encourageaient toujours à continuer.
Un soir, alors que tout le monde était rassemblé autour du grand sapin
, le Père Noël lui-même vint lui parler.
— « Mirette, tu as un courage et une persévérance admirables. Trouver sa place demande du temps. Mais rappelle-toi, ce sont souvent les chemins les plus difficiles qui mènent aux plus beaux horizons. »
Mirette sentit une chaleur douce envahir son cœur . Elle savait qu’elle finirait par trouver sa place, même si elle devait encore trébucher quelques fois.
Car au fond, elle avait appris que chaque échec était une étape vers la réussite, et que la magie résidait souvent dans les différences.